Mission Animagus [PV]

"Ce n’est pas le moment de remercier, Ivan, on verra par après s’il y a lieu ou non de le faire. Maintenant, vas-y. Concentre-toi au maximum et laisse ton animae t’envahir. Je reste là, hors de ta portée, mais je reste. Courage. Tu dois y croire profondément."

Après les encouragements et les regards pleins de promesses qu’échangea Edward avec Ivan, le quadragénaire laissa le jeune homme s’installer tandis que lui-même se mettait à l’abri, sur l’appui de fenêtre repéré plus tôt. De là, il voyait tout. De là, il avait également la possibilité de faire usage de magie pour protéger ce qui devait l’être et pour aussi se protéger lui-même, au cas où.
La planque idéale pour un caracal, songea-t-il. Son animae à lui était ce félin qui aimait avoir de la hauteur sur toute chose… un chasseur… un être fier qui protégeait son territoire et sa famille…
Mais il dut cependant se réfugier ailleurs rapidement, puisque Mr Petrovich Straghov ouvrit brusquement toutes les fenêtres et baies vitrées de la pièce pour laisser entrer le froid qui l’aiderait à endosser la peau et la fourrure de l’animal blanc.
Mr van Stexhe se sentit d’attaque à tenir le coup sur le haut de la bibliothèque présente dans la pièce. La place n’était pas meilleure que la précédente, et l’homme craignait un peu qu’un ours blanc ne vienne démolir le meuble en se frottant dessus, mais il fallait rester confiant. Confiant et vigilant.

Là-haut, assis en tailleur, la baguette à la main, en prévision à un quelconque danger probable, Edward observa son ami.
Après qu’il eut ouvert toutes les fenêtres de la pièce, le vent était entré ici en apportant des parfums de l’extérieur, des parfums frais, avec cette odeur typique qui n’existe que lorsque la neige recouvre tout… et ces fragrances boisées…
Ivan était maintenant assis, il avait abaissé sa baguette lentement, tout en douceur, comme si le moindre geste brusque allait éveiller Merlin sait quel monstre tapi dans un coin.

Le jeune homme avait fermé les yeux pour être le plus en osmose possible avec son animae, pour parvenir à le sentir, à se sentir en lui.
Edward connaissait ce cheminement à faire en soi-même. C’était plus que de l’introspection, c’était beaucoup plus intense que cela. Il fallait réussir à entrer en communion avec soi-même, puis de là, entrer en communion avec l’Autre…
C’était toute la magie de la croisée de deux chemins, c’était la subtile et superbe alchimie des rencontres…
Le quadragénaire eut une petite pensée pour un ami qu’il n’avait pas vu depuis bien longtemps. Cet homme, fervent croyant, avait un jour évoqué le miracle de l’Ascension lorsqu’Ed et lui s’étaient rencontrés par hasard en ville…
Or, d’après les définitions de miracle et d’alchimie, on pouvait bien dire que ce qu’Ivan essayait de faire aujourd’hui, c’était une sorte de miracle alchimique. Le mystère était assez important autour des animagi. Il n’y avait guère de formation officielle pour devenir animagus et il était obligatoire pour chaque sorcier qui parvenait à faire reculer les frontières de ses capacités en le devenant de s’inscrire dans un registre reprenant tous les animagi avec leurs caractéristiques, de sorte qu’il soit aisé pour qui veut de repérer et de dénoncer les animagi remplissant certaines missions contre le pouvoir en place…

Les yeux rivés sur Ivan Petrovich Straghov, Edward se tenait prêt à agir en cas de besoin. Il voyait bien le visage du jeune homme changer d’expression assez fréquemment. Il était passé d’une expression neutre à un visage déterminé. Il semblait prêt à tout pour atteindre son but.
Et au fur et à mesure que s’égrenaient les secondes, la pièce se remplissait de manifestations de magie. Cela avait commencé par un vent froid et fort, qui s’était peu à peu renforcé, jusqu’à devenir tempête.
Edward, du haut de son perchoir, se protégea les yeux. Il gelait dans la pièce à présent et les vitres avaient volé en mille éclats. La neige venait se déposer sur le sol et Mr van Stexhe pointa sa baguette vers ce plancher devenu dangereux. Il ne fallait pas qu’Ivan se coupe par mégarde. Aussi, le quadragénaire lança quelques sortilèges d’Evanesco pour faire disparaître les éclats acérés éparpillés sur le sol et sous une fine pellicule de neige qui allait croissante.

Edward reporta toute son attention sur son ami finlandais.
Celui-ci semblait être en proie à une grande agitation intérieure. Il devait certainement être entré en relation avec son animae. Ils devaient avoir partagé ensemble quelques secondes, échangé quelques mots avant d’en venir au cœur du problème… c’était à ce moment que la magie avait commencé à se déchaîner dans la pièce, avec des sons incontrôlables que même une dizaine de sortilèges d’Assurdiato ne parvint pas à calmer plus de quelques secondes.

Mr van Stexhe faisait dévier de temps à autre des objets qui, soulevés par les vents puissants qui avaient envahi la salle, menaçaient de venir percuter le maître des lieux.

Ce n’était pas facile de rester là, en se disant qu’il fallait aider un ami, sans pouvoir vraiment agir comme on le voulait. Car Edward aurait tout fait pour pouvoir être aux côtés d’Ivan et pour l’aider à vaincre la fureur des éléments, mais non, ce combat se faisait à l’intérieur de soi. Et lui, il était ici pour protéger l’extérieur d’Ivan. Son enveloppe charnelle et son intégrité physique. Il devait aussi veiller au mental, mais c’était plus complexe à protéger puisque, n’ayant qu’un regard extérieur, Edward ne pouvait qu’émettre des suppositions et des hypothèses à partir de l’observation du visage et du corps d’Ivan Petrovich Straghov.
En gros, le journaliste évitait pour le moment que des éléments extérieurs ne puissent venir déconcentrer le jeune noble en venant le désarçonner dans sa concentration. Jusqu’ici, il avait dû dévier des éclats de verre, des branches plus ou moins imposantes et même deux oiseaux qui avaient dû se perdre dans la tempête.

Le quadragénaire veillait. Certes, il ne pouvait être totalement efficace, mais il faisait de son mieux, il donnait le meilleur de lui-même. C’était déjà ça, comme dirait l’autre.
Bien sûr, s’il avait eu des notions plus pratiques de ce qu’il fallait mettre en place comme rituel pour créer une sphère de protection autour d’Ivan, il l’aurait fait, mais ce n’était pas possible, car il fallait être deux pour ce faire et ensuite, il fallait répandre des gouttes de lait de licorne et des larmes de phénix, avec de la poudre d’os de dragon… ingrédients que l’on ne trouvait pas partout et certainement pas ici et à cette heure.

Edward continuerait à se montrer attentif et prévenant. Le combat allait durer. Cela pouvait aller, lisait-on dans les livres, de quelques heures à plusieurs jours. Il n’y avait ici pas grand-chose pour assurer une survie durant quelques jours, mais la magie viendrait apporter ce qu’il manquait.

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